Les Cinq Rubans d'Or  - The Five Gold Bands (1950)


 
POCKET SF n° 5179 (1984)
160 pages
 
Trad: Dominique HAAS
Ill: Wojtek SIUDMAK
ISBN : 2-266-01392-0


autre titre anglais du roman tiré de la nouvelle en 1953.

 Histoire courte (157 pages) mais à l'intrigue bien mené, une sorte de jeu de piste intergalactique entre un Arséne Lupin irlandais associé à une espionne terrienne et le reste de la galaxie à leurs trousses, avec l'humour de Vance en prime .

Quatriéme de couverture:
Je creuse comme un fou, des siècles durant, pour entrer dans l'endroit le mieux gardé des Univers et deux minutes après mon arrivée je fais tout sauter. On m'arrête, on me condamne à mort : normal. Je me retrouve enchaîné à la surface d'un astéroïde de la forme de votre pied et à peine plus grand, je débranche une toute petite prise de rien du tout, et vous voyez le résultat : les cinq Fils de Langtry, qui régnent sur les Univers, morts. Il ne m'arrive que des ennuis. Tout ça parce que je voulais mettre la main sur le secret de l'ultrapropulsion. Evidemment, tout ce qui grouille, parle et respire dans le cosmos se lance à ma poursuite. Et moi, qu'est-ce que je fais ? Je prends la fuite avec une espèce d'agent secret femelle au postérieur osseux. Même pas belle. Comment vouliez-vous que je ne me retrouve pas dans le Grand Horripilateur ? Ah là là, j'aurais jamais dû quitter l'Irlande... 

Carte stellaire des déplacements de Paddy Blackthorn

 Startling Strories novembre 1950 , couv Earle Bergey
d'autres pages du magazine Startling Stories
 

Roman de jeunesse, plein d'aventures rebondissantes dans le style de l'époque avec déjà la patte de Vance pour son goût des énigmes et la description fascinante de mondes étranges, se laisse lire agréablement.


Critique:
La plupart des grands romans de Jack Vance étant disponibles en Français, on voit maintenant traduire ceux, plus courts, grâce auxquels cet auteur s'est « fait la main » dans le début des années cinquante. Ainsi, après nous avoir proposé La Planète des Damnés (Slaves of the KIau in Space Stories de déc. 1952) dans la collection « Superlight », Les Presses de la Cité viennent de traduire Les Cinq Rubans d'Or, qu'on peut considérer être le premier roman de Vance et qui fut publié à l'origine dans le numéro de novembre 1950 de la revue Startling Stories sous le titre de The Five Gold Bands.

     Voilà donc un texte qui tient une place importante dans l'œuvre de l'auteur, les grandes lignes directrices de ses écrits futurs s'y trouvant déjà inscrites en clair...

     Bien que visiblement destiné avant tout à divertir le lecteur friand d'aventures spatiales (ce qu'il réussit parfaitement), Les Cinq Rubans d'Or peut être perçu également comme un début de réflexion sur le thème du pouvoir, thème récurrent dans les œuvres importantes de Vance. Ici le pouvoir est détenu par cinq familles régnant sans partage sur la galaxie habitée car possédant le secret de la propulsion hyperspatiale. Périodiquement, des Terriens tentent de voler ce secret et c'est l'un d'eux (le héros de l'histoire) qui va mettre véritablement le feu aux poudres en tuant, pour échapper lui-même à la mort, les cinq possesseurs du secret. Ceci pour découvrir que chacun d'entre eux n'en possédait qu'une partie rédigée sous forme de rébus galactique... La quasi-totalité de l'histoire sera donc réservée, comme on peut s'en douter, à la recherche de la solution finale de l'énigme. Cette quête passant par les cinq mondes dirigés par les Fils de Langtry, Vance va en profiter pour laisser courir sa fertile imagination et créer l'un de ces univers exotiques dont il a le secret.

     La trame à consonances policières est elle aussi typique de l'auteur qui y trouve sans doute un moyen efficace pour lever un à un les masques de la réalité et du pouvoir qui se dissimule derrière elle. Ici, chose intéressante, il suggère que le pouvoir peut être quelque chose d'indépendant de ceux qui croient le posséder, quelque chose qui profite du manque de confiance existant entre les principaux intéressés pour acquérir une vie propore au fil des ans. Bien sûr, on pourra alors trouver un peu simpliste la réussite du Terrien qui, en 150 pages, va réussir à récupérer toutes les pièces du puzzle technique de la propulsion hyperspatiale mais il ne faut pas oublier que Jack Vance écrivait depuis peu et pour un public un peu allergique à la sophistication littéraire. Mais, dissimulés sous le vêtement élimé d'un petit Space Opera bien mené, on trouve déjà les ingrédients de cette fine cuisine littéraire où l'intelligence se pare des plus beaux atours exotiques et qui a donné une place à part à Jack Vance dans le firmament de la SF anglo-saxonne.

NOLANE Richard D.
Parution : 1/11/1984 - L'Ecran fantastique n°50 



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