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Frère
Aloysius et le petit Prince de
Philippe Monot
Illustration de Florence
MAGNIN Editions NESTIVEQNEN(Coll. Fantasy)-N°2-Octobre 2000 |
Philippe Monot m'avait permis de publier le
récit de sa
rencontre avec Jack Vance à
Utopia 1998 . Il voue à Vance une grande dévotion
et le ton de ce premier roman montre à quel point il
en a été influencé tout en gardant son style
particulier . A lire sans tarder.
Quatrième de couverture
Pourquoi le Grand
Effacement envahit-il le continent ? Pourquoi les couleurs
de la vie se ternissent-elles sur les terres habitées par
les hommes ? Pourquoi le Grand Désert mange-t-il peu
à peu les montagnes, les rivières, les plaines et
les cités ? Aloysius
Whace, moine-magicien de Sushany, est persuadé de trouver
la réponse dans une ballade prophétique et c'est sans
regret qu'il quitte l'école des mages. Il parcourt alors
les domaines des hommes, témoin impuissant des événements
qui découlent du Grand Effacement. De
son côté, le prince Silvan, rescapé d'un royaume
envahi par les armées d'Ugo le Braborjan, est enlevé
par un sorcier peu scrupuleux. Celui-ci semble penser qu'il possède
un secret qui lui permettra de décupler ses pouvoirs.
Passionné
de littérature en général (Dickens, Conan Doyle...)
et de fantasy en particulier (Vance, Le Guin...), Philippe Monot
nous offre ici un roman aux décors époustouflants,
dont il dit avoir puisé l'inspiration dans la Symphonie
Celtique d'Alan Stivell. Pour son premier roman, Philippe Monot
signe avec Frère Aloysius une oeuvre magistrale :
en plus de maîtriser parfaitement les ressorts classiques
de la fantasy, il a su y ajouter une base philosophique et une bonne
dose d'humour.
!!! SPÉCIAL !!!
LES AUTEURS SONT AUSSI DES LECTEURS... SI SI! - Lanfeust Mag n°76, mai 2005 Philippe MONOT, écrivain, auteur pour le Mag de nombreuses nouvelles.
Je ressentais un vide énorme, presque une frustration, à ne pas
raconter d'autres histoires que celles qu'évoquaient mes scénarii de
jeu de rôle. Je comprends maintenant qu'il me manquait un déclic, une
révélation ; qu'un écrivain, quel qu'il soit, parvienne à me convaincre
que la narration était une question de méthodologie autant que de
capacité à rêver. En ce printemps 1993, je cherchais tous azimuts de la
documentation pour un univers de jeu de rôle que je tentais de faire
naître. Ainsi tombai-je sur « Madouc », troisième volume de la trilogie
de Lyonesse, au hasard des rayonnages - même pas d'une vraie librairie
d'ailleurs ; je crois que c'était dans une gare ; comme quoi les
chemins de vie peuvent commencer un peu partout. Je n'aurais jamais cru
pouvoir dévorer un bouquin en deux jours, je n'étais pas spécialement
bibliovore à cette époque, mais c'est pourtant ce qui se passa. Allez
savoir pourquoi : la magie avait opéré en un instant. Ce livre-là,
parmi des milliers d'autres, venait d'ouvrir en moi un endroit secret
où depuis bien longtemps, je stockais les fruits de mon imaginaire
faute de savoir qu'en faire. Dès lors, progressivement, s'immisca dans
mon esprit cette idée folle : écrire un roman.
Il m'a fallu tout de même quelques temps pour y parvenir. Afin de m'y
préparer, et puisque ma passion pour la lecture venait de naître, je me
mis à lire tout ce qui me tombait sous la main, Fantasy et SF
essentiellement, Jack Vance bien sûr, mais également les Terremer
d'Ursula LeGuin, les sagas rôlistiques de Weis & Hickman, mais
aussi : les mondes fabuleux de Stevenson, Melville, Jules Verne, Conan
Doyle (le père de Sherlock Holmes), les délires mondains de P.G.
Wodehouse (ce dernier étant l'un des principaux inspirateurs de J.
Vance en matière d'humour british…). Si un livre ne me plaisait pas, je
le refermais sans le moindre état d'âme et j'en ouvrais un autre, parce
qu'inévitablement, d'autres allaient me convenir dans l'infini
foisonnement de la production littéraire.
Ce ne fut qu'en 1997 que je me sentis prêt à évoquer mes propres
mondes, et mon choix se porta tout naturellement vers la Fantasy. Un an
plus tard, je montais à Poitiers, avec sous le bras le manuscrit de mon
premier roman « Frère Aloysius et le petit prince ». Je comptais le
confier à Jack Vance lui-même, qui était en visite à l'occasion du
premier salon d'Utopia. A défaut, (ben il était déjà mal-voyant en plus
de ne rien capter à la langue française…), je tapais l'incruste pour
pouvoir dîner à sa table, en sa compagnie. Christophe Arleston avait
procédé de la même manière pour se retrouver à côté de lui et c'est
ainsi que nous fîmes connaissance.
Mon roman fut finalement publié en 2000. Deux autres ont vu le jour
depuis et je ne compte pas m'arrêter en si bon chemin. Madouc et Jack
m'ont ouvert la voie vers le monde immense et fascinant des livres, je
ne saurais jamais assez les en remercier. Je vous présente la trilogie
de Lyonesse, en espérant que cette œuvre qui fut pour moi si
déterminante, vous donne à votre tour autant de rêves.
Nous sommes sur notre bonne vieille Terre, approximativement au IVe
siècle, à quelques jours de voile du monde arthurien. Situé à l'est du
golfe cantabrique, coincé entre le Bretagne et l'Irlande, autrefois
unifié sous une même bannière, les Isles Anciennes, ou Hybras, se
composent d'une vingtaine de royaumes et de baronnies, dont les
capitales sont ces villes que seule retient la légende : Ys au sud-est,
aux abords des seigneuries d'Ulfland ; Avallon, dans le Dahaut, où
repose le trône Evandig, symbole d'une hypothétique réunification ;
Lyonesse, dans le royaume du même nom, où le roi Casmir convoite le
titre de monarque suprême des Isles Anciennes, assis à la table Cairbra
an Meadhan, futur modèle de la Table Ronde…
Lyonesse, où naît par un jour d'hiver pluvieux la petite Suldrun, sous
le regard glacial et dénué de sentiments de Casmir 1er, son père.
Suldrun a commis l'erreur de naître fille alors que le roi espérait un
héritier. Elle est destinée à payer cette erreur toute sa vie. Elevée
par une nourrice du peuple, son enfance est berçée par les récits
merveilleux parlant des fées de la forêt de Tantrevalles. Rejetée par
ses royaux parents, elle fuira les fastes pesants de la Cour jusqu'à un
lieu abandonné, un jardin non loin des grèves et qui deviendra son
petit royaume.
Le récit du premier volume de la trilogie de Lyonesse, « Le jardin de
Suldrun », ne s'arrête pas là, peu s'en faut. Car autour de Suldrun,
personnage plutôt statique, le monde s'agite, en proie aux velléités
guerrières de Casmir, aux complots des barons d'Ulfland et aux
incessantes infiltrations du peuple Ska désirant, pour faire simple,
l'extermination de tout le monde. Dans ce chaos, le prince Aillas du
Troicinet fait ses premières armes en matière de diplomatie et échappe
de peu à une tentative de meurtre. Sauvé par Suldrun, il aura juste le
temps de l'aimer et de lui donner un fils. Puis, jeté au fond d'une
oubliette, de laquelle il s'évade pour être capturé et vendu comme
escalve aux Skas, Aillas voit son apprentissage de la vie gagner en
intensité. Dans le même temps, Dhrun, le fils d'Aillas et de Suldrun,
est tenu loin de Casmir, puis enlevé par une fée qui le remplace par sa
propre fille, Madouc, laquelle devient princesse de Lyonesse. Enfin, la
communauté restreinte des magiciens paie également son tribut de doutes
et de heurts. Les lois leur interdisant de prendre part aux destins
humains sont rompues ; ils s'entretuent, se tendent des pièges, ne
sortent plus de leurs manoirs par crainte de représailles et se créent
des clônes chargés de les représenter. Par dépit sentimental, la
sorcière Desmeï se sacrifie pour engendrer, par une opération
alchimique, ses rejetons Faude Carfilhiot et Mélanchte. Tous deux
inhalent le fumet vert de l'athanor et deviennent les instruments de la
vengeance de Desmeï à l'encontre du grand magicien Murgen.
Le cycle de Lyonesse présente une telle richesse et une telle densité
qu'il est malaisé d'en faire une juste synthèse. A peine l'aventure
commencée, Jack Vance nous emporte dans un tourbillon d'événements, de
destins croisés, nous fait visiter mille lieux, rencontrer autant de
personnages inoubliables. Une fois le premier volume achevé, on
regrette de ne pas avoir acheté les deux suivants en même temps. Pensez
un peu : il est trois heures du matin, vous avez tourné la dernière
page et il va falloir attendre plusieurs heures avant de vous jeter sur
votre libraire et l'obliger à vous donner la suite
PHILIPPE MONOT

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