Quelques remarques de Patrick Dusoulier sur ses traductions vancéennes


Sjambak (Le Bélial-2006)
Quelques petites remarques sur les 4 textes (inédits en français) que j'ai traduits :
1/ Planète de poussière :
Une des toutes premières nouvelles de Vance, écrite en 1945, publiée en été 1946 dans le magazine Startling Stories Vol. 14, no. 1.
Vance débute vraiment… Cette nouvelle correspond bien à l’esprit des pulps de l’époque. C’est assez amusant de voir ce cargo de l’espace piloté au moyen d’un « gouvernail », par un « maître timonier » !
J’ai évité de « moderniser » quoi que ce soit, l’esprit de l’époque doit être conservé.
Ainsi, je traduis délibérement « air-suit » par « scaphandre», et non pas « combinaison pressurisée » ou ce genre de chose.

 

2/ Le Robot Désinhibé :
Une des très anciennes nouvelles de Vance, sans doute écrite en 1950, publiée en octobre 1951 dans le magazine Thrilling Wonder Stories, Vol. 39, no. 1., sous le titre « The Plagian Siphon ». Reprise sous le titre « The Planet Machine » dans l’anthologie « The Augmented Agent, and Other Stories », de Underwood-Miller (1986). L’édition VIE a retenu le titre original que souhaitait Vance.
Dans l’édition Underwood-Miller, l’éditeur s’est livré à une «modernisation » acharnée, et totalement ridicule : c’est comme de mettre du rouge à lèvres sur un cadavre, comme disait Vance… L’histoire est dans un style de l’époque, et moderniser des termes donne une impression d’incongruité.
Ainsi Vance parle de « robot » pour des machines à calculer automatiques… C’est devenu « computer » chez U-M. Mais parler d’ordinateur au lieu de robot gâche complètement l’effet.
Dans la traduction, j’ai soigneusement évité de tomber dans le même travers… Tout est garanti d’époque !
"...
Le barman faisait tourner la bulle entre ses doigts, en examinant sous tous les angles la petite créature qui y était enfermée. Elle luisait et brillait tel un prisme - jaune comme le soleil, émeraude, mauve évanescent, rose vif… la plus pure des couleurs. « Vingt franks, dit-il sans enthousiasme.
- Vingt franks ? dit Allixter en tapant des poings sur le comptoir d'un air tragique. C'est
toi qui plaisantes, maintenant.
- Je ne plaisante pas », grommela le barman."...
3/ Joe Trois-pattes :
Une des premières nouvelles de Vance, écrite en 1951 , publiée en janvier 1953 dans le magazine Startling Stories Vol. 28, no. 3.
Vance a déjà beaucoup écrit, mais c’est encore une de ses « gadget stories », comme il les appelle, avec un aspect « scientifique »
Comme pour les autres, j’ai évité de « moderniser » quoi que ce soit, l’esprit de l’époque doit être conservé pour cette histoire de prospecteurs, jeunes et vieux, comme au Far West !.
Ainsi, je traduis délibérement « space-suit » par « scaphandre spatial » ou « scaphandre ». Les deux héros de l’histoire ont une « fusée » plutôt qu’un vaisseau spatial (leur « fusée » est manifestement un petit véhicule utilitaire, pas un vaisseau de ligne…)
4/ Parapsyché :
Une assez longue novelette (35,000 mots en anglais) écrite sans doute en 1957, et publiée en août 1958 dans Amazing Science Fiction, Vol. 32, no. 8.
C’est un texte de Vance dans lequel on aurait du mal à trouver quoi que ce soit de ce qu'on appelle « Vancien » dans le style… sauf peut-être d’infimes détails, en se creusant la tête. C’est plus proche des «policiers » de Vance. Quant à l’histoire elle-même, elle est un peu abracadabrante, mais on s'y attache. Vance y a trouvé l’occasion d’exprimer quelques idées sur la religion (dans ses très mauvais côtés) et sur le droit à la libre pensée. C’est plus subtil dans ses autres œuvres, mais ce n’est pas déplaisant. Cela étant, son idée de l’inconscient collectif à la source des manifestations d’esprits est amusante, et elle a d’ailleurs été reprise (par exemple, Matt Hughes a exploité la « noösphère », dans laquelle son héros va se promener.)
 

 


 

Retour à la fiche Sjambak


Accueil  /   Plan du Site
© Jacques Garin 1998-2009